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HISTORIQUE DE LA POUPÉE
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Ce jouet merveilleux qui, depuis des générations,
berce l’enfance, caresse aujourd’hui le rêve
des collectionneurs.
D’où viennent donc les poupées ?
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En remontant dans la nuit des temps, on trouve toutes sortes de représentations féminines de petite taille.
Étaient-elles des poupées ou des idoles ? Enfouillant de par le monde les différentes civilisations,
on découvre partout des poupées. Jouets, fétiches, déesses ou objets de magie.
Cet objet de petite taille qui ressemble à un enfant, les spécialistes l’appellent « bébé », réservant le terme de poupée à de petits mannequins au corps de femme, destinés à présenter les nouveautés de la mode. Mais, avant 1851,
les enfants ne jouaient qu’avec des poupées aux formes d’adultes.
UNE FASCINATION INDÉFINIE.
La poupée, c’est le rêve. Le rêve de l’humain cherchant à recréer des êtres à son image, que ce soit des idoles ou des robots. Rêve de petite fille, compensant ce qui la différencie des garçons et le nombre d’années qui la séparent de son rôle de mère, en se donnant l’illusion d’être une maman. Mais en plus, la poupée n’est jamais ni rivale, ni une adversaire. On en fait ce que l’on veut. Elle apaise le besoin de posséder totalement un être. Elle est le sobriquet qui qualifie une femme « très femme », avec un sens légèrement péjoratif. Elle est aussi la figurine qui sert à envoûter.
Quelle qu’elle soit, la poupée fascine. Elle exerce une magie qui n’est pas toujours noire. Son dernier charme tout récent, elle l’exerce sur de nouveaux admirateurs, on pourrait dire adorateurs : les collectionneurs.
De toutes conditions, âges et sexes. Les plus acharnés sont des hommes. On n’en est pas à un paradoxe près, avec notre sujet !
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Statuette préhistorique dite : Vénus - os
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Poupée Romaine articulée - os |
RITES ET JEUX
Dans de nombreuses civilisations, la poupée est d’abord idole, avant d’être jouet. Après la cérémonie religieuse, on la remet à une petite fille pour jouer. C’était le cas, dit-on, en Malaisie. Chez les Apaches, elle servait au culte familial, mais aussi de jouet.
Dans l’Amérique pré-colombienne, les Mayas, les Aztèques, les Incas se servaient de poupées pour des cultes de fécondité. Dans les tomes antiques, au Pérou, on a trouvé des poupées avec lesquelles, selon Cortez, s’amusaient Montezuma et sa cour. Au musée d’Allard, à Montbrison, une poupée syro-hittite en terre cuite, datant de 1000 ans avant J.-C., ressemble bien à une idole. Mais que penser de la poupée d’albâtre aux bras mobiles, léguée par Babylone ?
A l’inverse, après avoir servi de jouet certaines poupées devenaient des objets consacrés. L’Égypte antique nous en a transmis un grand nombre. Trouvées dans les tombes, elles représentaient sans doute le défunt soit accompagné de sa veuve et de ses domestiques que l’on mettait à mort ; on a fini par leur substituer de petites figurines humaines.
La Grèce et Rome ont bien connu les poupées : en terre cuite, en bois, en os, quelquefois en cuir ou en étoffe, avec leurs noces, les jeunes filles les vouaient à la déesse, Hera-Junon, protectrice du mariage, ou Artémis-Diane , déesse de la virginité, ou encore à Aphrodite-Vénus, déesse de l’amour.
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UN CARROSSE DE POUPÉES POUR LE ROI LOUIS XIII
Par contre, il nous reste très peu de témoignages sur les poupées du Moyen-Age, à part quelques peintures, parmi lesquelles, des tableaux de Lucas Cranach (1472-1553). Les Comptes de la Chambres de Charles VI (1396) mentionnent que Robert de Varennes, valet de chambre du roi et brodeur, était chargé du trousseau des poupées que le roi envoyait à la jeune reine d’Angleterre. Par contre, nous possédons davantage de documents sur la Renaissance, époque à laquelle les poupées sont devenues resplendissantes. Généralement de bois, elles pouvaient atteindre 80 cm et portaient des habits de prix. L’Italie était le centre de production des poupées de luxe. La France ne tarda pas à faire bonne figure. En 1496, Anne de Bretagne commanda une grande poupée pour la reine d’Espagne. Elle fit refaire par deux fois les vêtements qui ne lui paraissaient pas assez somptueux. Dans l’inventaire de Catherine de Médicis, on peut lire « seize poupées dont huit vêtues de deuil ». Sully, en 1504, envoie au roi Henri IV un carrosse plein de poupées … pour le futur Louis XIII ! Dans les pays nordiques, les poupées eurent des maisons, chefs d’œuvre de finesse, qui remplissaient un peu le rôle des crèches en Italie. On trouve, au « Museo Civico » de Bologne, un exemple particulièrement réussi de ces petites maisons, et datant du XVIIIe siècle.
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Lucas Cranach l'ancien 1472-1553
"Charitas" 1534. huile sur bois. 52 x 36 cm |
AINSI NAQUIRENT LES POUPÉES DE MODE.
La France, ou plus exactement Paris, ne tarda pas à se faire remarquer pour la splendeur de ses poupées.
Objets de grand luxe, elles portaient des costumes magnifiques qui devaient exiger des heures de travail.
Ambassadrices de bon goût, « on les envoyait dans les Pays étrangers pour y apprendre les modes de la Cour de France ». A Venise, on les exposait à la « Féria Franca » où elles obtenaient un vif succès.
Mme de Sévigné, dans une lettre, écrivit à sa fille, Mme de Grignan : « Je ferai coiffer une poupée pour vous l’envoyer ». C’est donc au XIXe siècle que la poupée française, fidèle à sa réputation de poupées merveilleusement habillées, connaît son plein épanouissement imaginatif et productif entre 1845 et 1900.
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Poupées de poche - 5 à 10 cm |
LE RÉGNE DE L’ENFANCE
Cependant, c’est de Londres que vint une importante nouveauté. En 1851, à la fameuse Exposition du Crystal Palace, dans les vitrines de Mme Montanare, qui fabriquait de célèbres poupées de cire habillées, les visiteuses eurent la surprise de voir des bébés et des nouveau-nés en cire. C’est la première fois que des poupées représentent des enfants, idée audacieuse qui fut rapidement imitée.
Parallèlement en France, les innovations se succèdent à un rythme vif. Si, à partir de 1830 environ, on importe d’Allemagne des têtes et collerettes en porcelaine pour les poupées de qualité, le 1er juin 1843, Jacob Petit, illustre porcelainier, prend un brevet pour les têtes de poupées. Puis, dès 1855, les têtes de poupées,
sont, grâce à M. Blampoix, dotées d’yeux, non plus peints, mais fabriqués à part, en verre ou en émail.
Cette même année, un Français, M. François Greffier de Nantes, présente des « bébé » à l’exposition de 1855. Grâce à Mlle Rhomer, qui a déposé un brevet en ce sens en mai 1858, la tête de poupée commence à pivoter sur sa collerette. Déjà une bonne dizaine de manufactures se sont créées, dans l’est et la banlieue de Paris. Leurs noms de marque font rêver les collectionneurs. Citons parmi les plus grands : Jumeau, Steiner, F.Gautier, Bru et SFBJ .
Dans ce domaine, la France et l’Allemangne se concurrencent vivement. Mais rien ne peut rivaliser avec l’élégance des poupées françaises entre la moitié du XIXe siècle et la dernière guerre.

L'usine Jumeau vers 1888
BÉBÉ JUMEAU
Dans le royaume des poupées, un souverain a régné entre 1875 et 1899 : Émile Jumeau. Créée par son père en 1842, la firme a très vite remporté des récompenses dans diverses expositions, aussi bien nationales qu’internationales.
Émile Jumeau n’a pas hésité à s’adresser à un sculpteur, Carrier-Belleuse (1843-1913) pour qu’il crée un modèle de poupée. Ainsi est né un « ravissant visage aux grands yeux rêveurs ». « Bébé Jumeau » est synonyme de la plus belle poupée. En 1855, Jules Nicolas Steiner ouvre également une manufacture dans le Marais, qui produit bien d’autres « ravissantes » poupées, et qui est restée en activité jusqu’en 1907. A ne pas confondre avec l’allemand Edmond Steiner, lui aussi fabricant de « bébés » A signaler également, les « Bébé Bru », de Léon Casimir Bru, collectionneur, et dont les visages sont discrètement nuancés, le tour des yeux subtilement maquillé, et les mains et les pieds très finis, ou encore ceux de la fabrique F.Gaultier (Gauthier) qui nous a légué des lots de belle qualité avec des yeux souvent ronds, marqués « F.G.
SFBJ
Talonnées par la concurrence allemande, des manufactures françaises se réunissent pour former la Société Française de Fabrication de Bébés et Jouets, La fameuse S.F.B.J.
Un certain Salomon Fleischmann, créateur de l’Eden-bébé, en était le plus fort actionnaire. Venait ensuite la firme Jumeau. Suivaient huit autres actionnaires fabricants de poupées dont la maison Bru. La S.F.B.J. a continué d’utiliser des moules Jumeau et a gardé l’exclusivité de l’appellation Bébé Jumeau. La S.F.B.J. a lancé ce que l’on a appelé le « Bébé Caractères », à tête de petits garçons.
C’est elle qui à partir de 1905, a fabriqué Bleuette, une poupée de 27 cm que l’on offrait aux abonnés de la « Semaine de Suzette », avec un patron de vêtement. Elle fut la poupée la plus habillée.
La S.F.B.J. ferma ses portes en 1957 et Bleuette fut alors fabriquée en plastique. Elle disparut avec la « Semaine de Suzette » en 1960. Mais la poupée n’a rien perdu de son empire. Elle a même continué d’évoluer ou de resurgir du passé. On redécouvre à nouveau la poupée femme adulte (Barbie) et les bébés sexués. Jamais, le public n’a porté un tel intérêt pour les poupées, anciennes ou non, exotiques ou nationales. En témoignent les nombreuses expositions à succès ainsi que les ventes aux enchères très suivies, où la cote des poupées ne cesse de monter, emportant avec elle le rêve de ce jouet si particulier.
Article d'Édith Mannoni
ART et DÉCORATION N°245 - 1983 - Une merveilleuse histoire de poupée - Page 96
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Poupée Bleuette |
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Page extraite du catalogue d'étrennes du magasin "Au tapis rouge" 1881.

Gravure publicitaire, vers 1873 . La mode enfantine naît en même temps que le bébé incassable articulé.
Par analogie, le monde de la poupée est associéd à celui de l'automate.
Il serait également intéressant de rapporcher l'histoire de la poupée de celle de la marionnette, d'explorer les différentes figures modernes de la poupée.
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Pin up
depuis les annés 1940 |
Poupée Barbie , depuis 1959
créée par Ruth Handler |
Action Joe 1964
héritier des GI Joe 1960 |
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Guignole
Théâtre de marionnette
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Les sentinelles de l'air Titre original : Thunderbirds, série télévisée vers 1960 |
Les guignoles de l'info - Canal +, télévision
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Une clinique de poupées à Leizig vers 1860
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